MISE A DISPOSITION DU FONDS « MONNET »
Suite à la projection de la HALTE DU DOC DU 18 JUIN 2023 à 18 h à Bellecombe en Bauges, Pierre Beccu met à disposition les 15 heures d’images animées tournées entre 1953 et 1984 par Joanny et Irène Monnet.
Les disques durs sont en libre accès au restaurant la Halte des Bauges pour copie sur place en amenant son ordinateur portable ou en prêt, moyennant un chèque de caution de 100 €.
Sur les disques durs figurent en bonus 4 films sur la fête de la scierie et 1 sur le concours de bûcherons 1985.
Sur les disques durs, il y a également une base de données qui permet de se repérer et de faire des choix avec des critères d’année, de lieux, de noms et de thèmes, pour visionner telle ou telle partie.
Pour celles et ceux qui sont loin ou dont la mobilité est réduite, merci de vous rapprocher de la mairie de Bellecombe en Bauges : mairie@bellecombeenbauges.com ou 04-79-63-32-53.
Mr et Me MONNET : instituteurs et bien davantage
Joanny Monnet est né le 24 Juin 1912 et Irène Mercier le 3 Juillet 1914.
Ils se sont mariés en Août 45, dans une atmosphère nationale agitée. Un mois plus tard, ils prenaient leur poste à Bellecombe-en-Bauges pour entamer l’année scolaire. On peut dire qu’ils se sont à ce moment-là remariés avec le village.
Ils ont vécu à Bellecombe-en-Bauges de 1945 à 1985, et ont vu grandir et évoluer deux générations de baujus. A l’heure de la retraite, ils ont rejoint Chambéry où les attendait un petit appartement.
Leur statut d’instituteurs (Monsieur de 45 à 68 et Madame de 45 à 75) se doublait chez Joanny de celui non moins central de secrétaire de mairie. Animateurs culturels, fervents fidèles, dévoués serviteurs de la cause locale (Monsieur Monnet fut Président du Syndicat d’Initiative des Bauges pendant près de 15 ans), le couple a aussi filmé le massif des Bauges sous tous les angles – Madame devant l’objectif pour organiser et Monsieur derrière pour capter – et ainsi constitué une mémoire précieuse pour nous-mêmes et les générations futures.
Monsieur Monnet est décédé en 1995 à Chambéry, et Madame Monnet en 2013 à l’âge de 99 ans.
Ils ont été les instituteurs et les amis de bon nombre d’habitants de la commune.
Les films : une richesse à peine effleurée
On trouve pêle-mêle sur de grosses bobines muettes pour la plupart, les baptêmes, mariages, élections, commémorations aux monuments aux morts, foires agricoles et tirs aux pigeons. On y entrevoit travailler les villages : paysans, alpagiste, boulanger, maréchal-ferrand, scieur ou maçon. On les voit aussi s’amuser : beloteurs, promenade en montagne, Tour de France, fête du cyclamen, concours de bûcherons, moto-cross, ski, luge, scooter des neiges à Ste Reine (!), carnaval. On revit ou découvre des moments importants pour le massif : coulée des Garins, inauguration du HLM du Chéran, du Plan d’eau, etc…
Ce qui caractérise ce fonds, c’est son ouverture progressive sur le massif tout entier. A l’image finalement de ce qu’aura été l’histoire locale de la seconde moitié du vingtième siècle, Monsieur Monnet arpente tout d’abord le moindre recoin de son village pour élargir petit à petit son regard jusqu’aux aux confins des Bauges. Ses occupations personnelles prennent le même essor puisque, d’instituteur et secrétaire de mairie, il devient ensuite Président du Syndicat d’Initiatives et fervent rédacteur de l’Ami des Bauges. Armé de sa caméra, il compose donc instinctivement la chronique de ces années-là tout en préfigurant les Bauges modernes.
Au début des années 90, Monsieur Monnet me légua ses films en me demandant de les conserver pour la « mémoire locale », en tant que cinéaste, bauju et ancien élève.
J’ai visionné ces films dans le cadre d’un documentaire à base d’archives, Mémoires de Dauphiné-Savoie, réalisé pour être intégré dans une série nationale pour la télévision. Et malgré des moyens et une technique cinématographique empiriques, j’ai été très marqué par la qualité humaine du regard. J’ai vu la réalité baujue à hauteur d’homme, sans condescendance ni fausse proximité. En tant que cinéaste, il m’est permis de reconstituer ces instants, mais pas de les revivre. Les films amateurs de Monsieur Monnet me sont dès lors apparus comme un bien inestimable à préserver et transmettre.
Ces films de format amateur (9,5 , 8 ou Super 8 mm), muets pour la plupart, ont subi l’érosion du temps. Dans le cadre d’un programme établi avec le Parc Naturel Régional du Massif des Bauges et la commune de Bellecombe-en-Bauges, en collaboration avec la Cinémathèque des Pays de Savoie, le fonds Monnet a été restauré, numérisé et archivé. Une base de données contenant 400 entrées, autant de scènes, est maintenant disponible sur support cd, et les films répertoriés sont eux disponibles sur disque dur ou clé usb.
L’opération s’est poursuivie avec un travail d’enregistrement des témoins directs ou indirects liés au Fonds. Le programme reste à terminer : la matière sonore sera elle-aussi archivée et couplée avec l’image par le biais d’une base de données spécifiques pour le son.
Mais je ne veux pas priver plus longtemps la population de ce fonds. Nous allons donc mettre à disposition gratuite la totalité des films muets, sous forme de prêt de clé usb ou de téléchargement. La base de données attenante permettra de faire des recherches par nom de famille, année, thème ou encore village.
La séance du 18 juin 2023 a pour but de montrer quelques extraits, d’expliquer le fonctionnement de cette mise à disposition, et de tester la base de données.
70 ans après, les premiers films reviennent. Et si le cinéma, c’était aussi la machine à remont(r)er le temps ?
Pierre Beccu
Mai 2023
Une Halte du Doc en collaboration avec la mairie de Bellecombe, les Amis du patrimoine, la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain.
Créée par Benoit Bonneton dans le cadre de l’association Oxalis, la Halte du Doc est portée désormais par Bérangère Hauet et l’association Helio Films, avec l’appui de bénévoles.